Matériaux pour la Flore du Sahara : le genre Tamarix
Un dossier rassemblé par Claude Lemmel avec des photographies de Zahora Attioui/atlas-sahara.org et Abdelmonaim Homrani Bakali/teline.fr et une clef de détermination dessinée par Annie Garcin.
Les tamaris sont des arbres ou des arbustes bien répandus dans le Nord de l'Afrique et dans le Sahara.
1. Les tamaris dans les paysages sahariens : l'exemple du Tafilalet
1.1. Le lac Zelmou
1.2. Confluence des oueds Guir, Bouanane et Zelmou
1.3. Le «lac» de Merzouga
1.4. Confluence de l'oued Begaa avec l'oued Ziz
1.5. Oued Daoura
2. Comment déterminer les espèces ?
Dans sa Flore du Sahara Paul Ozenda écrit :
"L'étude du genre Tamarix est extrèmement difficile. Les diverses espèces se ressemblent beaucoup entre elles et sont très polymorphes ; les caractères distinctifs invoqués sont souvent de simples détails ... et beaucoup de ces caractères paraissent inconsistants..."
Les auteurs de la Flore pratique du Maroc sont tout aussi prudents :
"Genre très difficile vu la très grande variabilité des caractères morphologiques des espèces. Plusieurs parmi celles décrites jusqu'à présent ne méritent pas vraiment ce rang. La clé suivante ... exige d'avoir des échantillons fleuris".
Et la publication la plus récente sur ce genre (BIHAOUI & al., 2020a) s'intitule "Les erreurs d’identification des espèces du genre Tamarix L. au Maroc : clés non uniformes et espèces polymorphes."
La détermination des tamaris du Sahara est donc compliquée à partir des clefs existantes. D'un côté ces clefs exigent d'avoir des échantillons avec fleurs ET fruits, ce qui est rarement possible. De l'autre ces clefs ignorent des caractéristiques faciles à observer sur le terrain, par exemple le port ou la couleur. Enfin -à l'exception de Tamarix aphylla- les caractères basés sur les feuilles sont délicats à utiliser car la forme et la dimension des feuilles peuvent varier d'une branche à l'autre d'un même arbuste, et plus encore d'une saison à l'autre.
Notre travail photographique de 2015 à 2021 nous a montré qu'il était possible de reconnaitre les tamaris sur le terrain et qu'il devait être réalisable d'en donner des descriptions photographiques précises et des clefs de détermination à toutes les saisons.
Nous avons bien avancé ce travail pour le Maroc et la Mauritanie et nous sommes ouverts à des collaborations avec des collègues des autres pays pour l'étendre à tout le Sahara.
3. Causes des variations morphologiques
La variabilité morphologique des tamaris a causé bien des soucis à des générations de botanistes, et ceci pour de multiples raisons :
vouloir décrire et nommer tous les exsiccatas en tenant compte de toutes les variations de détail a conduit à créer un nombre considérables de taxons dont Ozenda devait dire avec une prudente sévérité "On ne peut pas assurer a priori que toutes ces espèces soient sans valeur, mais on peut encore moins en l'état actuel des connaissances assurer qu'elles en ont une."
du point de la taxonomie ou de la biogéographie, il faudrait réussir à se limiter aux taxons génétiquement fixés. Mais comment savoir ?
du point de vue de l'écologie, des variations phénotypiques, liées aux conditions du milieux, peuvent être intéressantes. Ce serait très utile par exemple si on pouvait corréler telle variation d'une espèce de tamaris au degré de salinité du sol dans lequel il pousse.
il est possible de trouver des pieds de tamaris qui sont très différents mais appartiennent à la même espèce. cf T. pauciovulata & T. balansae.
inversement, il est possible de trouver des tamaris qui se ressemblent beaucoup mais qui n'appartiennent pas à la même espèce. cf T. gallica & T. canariensis
Essayons maintenant d'illustrer notre propos !
3.1 > Position dans le rameau
3.2 > Stress climatique
Les tamaris arbustifs sahariens poussent dans des sols très variables : ils peuvent subir de très longues périodes hyper-arides, puis lors des crues des oueds ou des chotts avoir leurs racines noyées pendant des jours ou des semaines. Ils peuvent pousser dans des sols délavés, avec une salinité faible ou nulle, ou au contraire prospérer dans des sols saturés en sels.
Plusieurs espèces de tamaris ont des feuilles ponctuées de stomates profondes qui peuvent exsuder l'excédent de sel. La couche de sel peut être présente ou absente selon les saisons, pulvérulente ou cristalline.
Il est vraisemblable que la morphologie des feuilles répond au moins en partie à la nature de la sève ascendante qu'elles ont reçue, de douce et abondante à rare et saturée en sel.
3.3 > Réaction au broutage
Les tamaris sont activement broutés par les ânes et les dromadaires ; cela se traduit par des changements structuraux et morphologiques importants sur les rameaux, comme c'est le cas pour bien d'autres espèces des milieux arides (oliviers, arganiers, sumacs, globulaires, ...)