Al Yasmina 2 (2021) - ErucaPistes de recherche - 1/1

Pistes de recherche
Orientations for research

Bilan de 6 années de travail de terrain
Assessment of 6 years of fieldwork

Au terme de notre travail de terrain sur les roquettes de l'Est du Maroc, nous n'avons rien découvert que ne savait déjà Battandier. Nous avons par contre dû mettre de l'ordre dans la confusion qui avait été introduite ultérieurement.

La seule nouveauté taxonomique est que Moricandia foleyi Batt. doit être renommée Eruca foleyi Perfectti.

Nous sommes revenus aux sources pour donner une description de 6 taxons : sativa, vesicaria, longirostris, pinnatifida, foleyi & aurea. Pour ces 6 taxons nous avons aussi rassemblé des photos de stations et une illustration morphologique détaillée.

Dans l'état actuel de nos connaissances, nous pensons que ces 6 taxons doivent être traités comme autant d'espèces.

At the end of our fieldwork on rockets in eastern Morocco, we discovered nothing that Battandier did not already know.
However, we had to clean up the confusion that had been introduced later.

The only taxonomic novelty is that Moricandia foleyi Batt. should be renamed Eruca foleyi Perfectti.

We went back to basics to give a description of 6 taxa : sativa, vesicaria, longirostris, pinnatifida, foleyi & aurea. For these 6 taxa we have also gathered photos of stations and a detailed morphological illustration.

In the current state of our knowledge, we believe that these 6 taxa should be treated as as many species.

Répartition de Eruca longirostris
Distribution of Eruca longirostris

La roquette qui a la plus large répartition est E. longirostris. Elle est attestée en Espagne, Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Palestine, Grèce. Les questions qui se posent sont les suivantes :

  • en Egypte : elle n'est pas citée dans Flora of Egypt alors que E. sativa est attestée, mais il n'y a peut-être pas dans ce pays de milieux qui lui soient favorables.
  • en Turquie : elle n'est pas citée dans la Flore de Davis, mais nous avons trouvé sur inaturalist.org des photos qui semblent bien se rapporter à ce taxon
  • en Italie : elle n'est pas citée, mais les flores italiennes regroupent toutes les Eruca sous vesicaria
  • en France : elle n'est pas citée, et toutes les photos de roquettes françaises que nous avons trouvées sur Internet se rapportent à E. sativa. Mais le dessin de var. eriocarpa donné dans la "Flore de la France méditerranéenne continentale" pose question car selon nous eriocarpa est à assimiler à longirostris.

The rocket with the widest distribution is E. longirostris. It is attested in Spain, Morocco, Algeria, Tunisia, Libya, Palestine, Greece. The questions that arise are the following :

  • in Egypt : it is not mentioned in Flora of Egypt while E. sativa is proven, but there may not be a favorable environment in this country.
  • in Turkey : it is not mentioned in Davis' Flora, but we found photos on inaturalist.org that seem to relate well to this taxon
  • in Italy : it is not mentioned, but the Italian flora group together all the Eruca under vesicaria
  • in France : it is not cited, and all the photos of French rockets that we have found on the Internet relate to E. sativa.
    But the drawing of var. eriocarpa given in the "Flore de la France méditerranéenne continentale" raises questions because in our opinion eriocarpa is to be assimilated to longirostris.
inaturalist.org / 7386703
Turkey, Denizli - Felix Riegel
CL => Eruca longirostris : silique poilue à rostre allongé
inaturalist.org / 7386705
Turkey, Denizli - Felix Riegel
CL => Eruca longirostris : silique poilue à rostre allongé

Eruca vesicaria

Ce nom d'espèce a été très (beaucoup trop) utilisé pour nommer à peu près toutes les roquettes existantes. Toute règle de priorité des noms anciens mise à part, il faut noter que vesicaria stricto sensu est un taxon marginal, réduit à trois petites populations. Les populations espagnoles sont clairement associées à des sols gypseux. Nous ne connaissons pas les sols des populations marocaine et algérienne. Dans les trois cas, vesicaria apparait sous la forme d'ilots au sein des populations de longirostris.

Sur le plan morphologique vesicaria ressemble beaucoup à longirostris ; ses petites siliques et les calices adhérents conduisent à se demander si vesicaria ne serait pas seulement une variante néoténique de longirostris. C'est une hypothèse que la génétique permettrait d'étudier ... sous réserve de bien disposer d'échantillons identifiés sans ambiguité.

This species name has been used very (far too) to name just about every rocket in existence.
Apart from all precedence rules for old names, it should be noted that vesicaria stricto sensu is a marginal taxon, reduced to three small populations. The Spanish populations are clearly associated with gypsum soils. We do not know the soils of the Moroccan and Algerian populations. In all three cases, vesicaria appears as islets within populations of longirostris.

Morphologically vesicaria closely resembles longirostris ; its small pods and adherent calyx lead one to wonder if vesicaria is not only a neotenic variant of longirostris. This is a hypothesis that genetics would allow us to study ... subject to the availability of unambiguously identified samples.

Eruca sativa

Il faut d'abord se demander si E. sativa est la seule roquette cultivée. Chevalier atteste que E. aurea a été cultivée dans le Sahara. Ne serait-il pas possible que E. longirostris l'ait été sur le pourtour méditerranéen ?

Sur le plan morphologique, E. sativa tel que typifié par Linné a le plus de caractères communs avec E. pinnatifida (port dressé, structure de l'inflorescence, forme et pilosité des siliques). Proximité phylogénétique ou convergence ?

The first question to ask is whether E. sativa is the only rocket cultivated. Chevalier attests that E. aurea was cultivated in the Sahara. Would it not be possible that E. longirostris was cultivated on the Mediterranean rim ?

Morphologically, E. sativa as typified by Linnaeus has the most characters in common with E. pinnatifida (upright habit, structure of the inflorescence, shape and hairiness of the pods). Phylogenetic proximity or convergence ?

Eruca aurea

Cette espèce mériterait d'être reconnue et étudiée par les agronomes. C'est une espèce prolifique par ses feuilles et par ses graines. Elle est adaptée à des climats désertiques, des sols salés et des ressources en eau aléatoires. Elle pourrait peut-être jouer un rôle soit telle quelle dans la réhabilitation de sols incultes sous les climats arides ou sahariens, soit dans des croisements avec d'autres brassicacées cultivées.

Sur le plan morphologique, E. aurea a le plus de caractères communs avec E. longirostris (port en boule, structure de l'inflorescence, forme des siliques, dimension et forme des graines). Proximité phylogénétique ou convergence ?

This species deserves to be recognized and studied by agronomists. It is a prolific species by its leaves and by its seeds. It is adapted to desert climates, salty soils and haphazard water resources.
It could perhaps play a role either as such in the rehabilitation of uncultivated soils in arid or Saharan climates, or in crosses with other cultivated Brassicaceae.

Morphologically, E. aurea has the most common characters with E. longirostris (ball shape, structure of inflorescence, shape of pods, size and shape of seeds). Phylogenetic proximity or convergence ?

En conclusion
In conclusion

L'étude du genre Eruca a été entachée par toutes sortes de confusions. Dans la littérature il est souvent difficile de savoir de quel taxon précisement il est question.

Les exsicatas anciens sont à utiliser prudemment car ils concernent le plus souvent des individus jeunes ou peu développés dont l'identification est incertaine.

De même pour les quelques études génétiques réalisées dont on ne comprend pas toujours à quelle espèce se rapportent les échantillons analysés.

Nous croyons donc qu'il y aurait besoin de commencer par une collecte de nouveaux échantillons, prélevés au coeur des populations les plus caractéristiques, dûment identifiés sur le plan morphologique, puis de soumettre ces échantillons à une analyse phylogénétique.

The study of the genus Eruca has been marred by all kinds of confusion. In the literature it is often difficult to know which taxon exactly we are talking about.

Old exsicatas should be used with caution because they most often concern young or underdeveloped individuals whose identification is uncertain.

The same goes for the few genetic studies carried out for which we do not always understand to which species the samples analyzed relate.

We therefore believe that there would be a need to begin with a collection of new samples, taken from the heart of the most characteristic populations, duly identified morphologically, then to submit these samples to a phylogenetic analysis.