Eruca aurea Battandier
Nous avons évoqué aux chapitres "populations" et "morphologie" comment Eruca aurea était une "bonne espèce" très différente de E. pinnatifida par sa morphologie comme par son écologie.
Cette espèce a été décrite par Battandier en 1900 sous le nom de Eruca aurea, puis rapidement elle a été ramenée au rang de sous-espèce d'abord comme E. sativa var aurea (Catalogue des plantes du Maroc, t.2, 1932) puis comme E. vesicaria ssp. pinnatifida var. aurea (Flore de l'Afrique du Nord) avant d'être purement et simplement ignorée par Quézel & Santa dans la Flore d'Algérie, par Ozenda dans la Flore du Sahara ou par Fennane & al. dans la Flore pratique du Maroc.
Comment expliquer qu'une des plantes les plus spectaculaires de la flore du Sahara ait pu ainsi être oubliée ? Nous pensons qu'il y a deux raisons à cela :
- nos prédécesseurs connaissaient surtout les Eruca au travers de planches d'herbier d'individus jeunes ; à ce stade toutes les espèces sont plus ou moins ressemblantes et il était plus simple pour eux d'imaginer n'avoir à faire qu'à des sous-espèces d'un taxon unique. Nous avons vu comment l'étude des population adultes sur le terrain conduit à distinguer au contraire des espèces différentes.
- les Eruca sahariennes se rencontrent dans des zones pâturées par les troupeaux ou cultivées en céréales. Nos prédécesseurs qui connaissaient E. sativa comme une espèce cultivée ou échappée de culture en Europe en ont déduit qu'il en était de même au Sahara (cf Chevalier 1932). Ozenda écrit par exemple "assez commun au Sahara septentrional et central, surtout dans les emplacements fréquentés par les troupeaux" comme si Eruca aurea était une nitrophile poussant là où les troupeaux ont laissé leurs déjections. En réalité c'est l'inverse : ce n'est pas Eruca aurea qui pousse là où ont séjourné les troupeaux, mais les troupeaux qui viennent nomadiser là où pousse Eruca aurea. De même pour les cultures de céréales ; Eruca aurea n'est pas une adventice des céréales, ce sont les céréales qui sont cultivées dans les zones les plus humides et les moins salées des épandages à Eruca aurea !
We mentioned in the chapters "populations" and "morphology" how Eruca aurea was a "good species" very different from E. pinnatifida by its morphology as well as by its ecology.
This species was described by Battandier in 1900 as Eruca aurea, then quickly it was reduced to the rank of first subspecies as E. sativa var aurea (Catalogue des plantes du Maroc, t.2, 1932) then as a variaty E. vesicaria ssp. pinnatifida var. aurea (Flore de l'Afrique du Nord) before being purely and simply ignored by Quézel & Santa in the "Flore d'Algérie", by Ozenda in the "Flore du Sahara" or by Fennane & al. in the "Flore pratique du Maroc".
How to explain that one of the most spectacular plants of the flora of the Sahara could thus have been forgotten ?
We believe there are two reasons for this :
- Our predecessors mainly knew the Eruca through exsiccatas of young individuals ; at this stage all the species are more or less similar and it was easier for them to imagine having to deal only with subspecies of a single taxon.
We have seen how the study of adult populations in the field leads to distinguish, on the contrary, different species.
- Saharan Eruca are found in areas grazed by herds or cultivated with cereals. Our predecessors who knew E. sativa as a species cultivated or escaped from cultivation in Europe deduced that it was the same in the Sahara (cf Chevalier 1932). Ozenda writes for example "quite common in northern and central Sahara, especially in places frequented by herds" as if Eruca aurea were a nitrophile growing where herds left their droppings.
In reality, it is the opposite : it is not Eruca aurea that grows where the herds have stayed, but the herds that come to nomadize where Eruca aurea grows. The same goes for cereal crops ; Eruca aurea is not a weed of cereals, it is the cereals that are cultivated in the wettest and least salty areas of Eruca aurea !
Exsiccatas
Nous donnons ci-dessous quelques uns des exsiccata de Eruca aurea conservés à Montpellier et Paris pour lesquels nous proposons une détermination. Pour certains d'entre eux Cyrille Chatelain a pu mesurer le diamètre des graines lors d'un passage à MPU.
We give below some of the exsiccata of Eruca aurea preserved in Montpellier and Paris for which we propose a determination. For some of them Cyrille Chatelain was able to measure the diameter of the seeds when switching to MPU.
Stations
Donnons davantage de photos de stations d'Eruca aurea pour bien insister sur leur caractère sauvage :
Let's give more photos of Eruca aurea stations to emphasize their wild character :