Eruca longirostris Uechtritz
Eruca longirostris a été décrite par Uechtritz (Oesterr. bot. Zeitschr. 1874, p. 136 ! et 1875, p. 409 !) ; la diagnose latine en a été donnée par Willkomm dans Prodomus florae hispanicae (1880, vol.3 p. 849) puis dans Illustrationes florae Hispaniae insularumque Balearium (1881-1885, p. 92, Tab. LIX) accompagnée d'une excellente planche et du commentaire suivant :
Voici une espèce critique, qui jusqu'ici a été confondue avec l'E. sativa Lam. (Brassica eruca L.) par tous les botanistes qui ont exploré le midi de l'Espagne. C'est M. le baron d'Uechtritz, botaniste bien connu de Breslau, auquel revient le mérite d'avoir reconnu que cette plante n'est pas identique avec l'espèce linnéenne et qu'elle doit constituer une espèce distincte.
En effet, en comparant soigneusement ces deux plantes en état fructifère, on aperçoit sur le champ qu'elles diffèrent considérablement par la forme et la structure des siliques et des graines. Dans l'E sativa les siliques sont munies d'un bec bien plus court que le fruit même et contracté vers le sommet ; les valves, presque toujours lisses, sont assez minces pour pouvoir être comprimées et écrasées entre les doigts. Au contraire la silique de l'E. longirostris est terminée par un bec atténué insensiblement vers le sommet, qui égale le fruit ou est plus long que lui. Les valves parsemées toujours de poils triangulaires, courts, mais raides et dirigés en bas, sont si dures, qu'on ne peut pas les comprimer ou écraser avec les doigts. Les graines de l'E. sativa, presque orbiculaires, ne sont jamais ailées, tandis que celles de l'E. longirostris, dont le pourtour est elliptique, ont une aile blanche-membraneuse, très étroite, mais bien visible. Suivant M. d'Uechtritz, les graines mûres de l'E. longirostris ont une couleur noirâtre et présentent aux bords des deux faces deux lignes noires, semilunaires et parallèles, tandis que celles de l'E. sativa sont toujours jaunâtres et unicolores. Mais ces caractères ne sont pas constants, la couleur des graines variant dans les deux espèces. Enfin, les feuilles de l'E. longirostris sont découpées généralement en segments plus étroits que ceux de l'autre espèce.
L'E. longirostris habite non seulement le midi de l'Espagne ou plutôt toute la moitié méridionale de la péninsule (car il se peut que la plante de la Nouvelle-Castille, de Valence, de Catalogne et d'Aragon indiquée sous le nom d'E. sativa appartienne aussi à l'espèce de M. d'Uechtritz) mais aussi la Sardaigne, la Sicile et la Grèce, où sa présence a été constatée par MM. Schweinfurth, Ascherson, Todaro et d'autres botanistes. Elle se trouvera probablement aussi au Portugal et dans le nord de l'Afrique.